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Métiers du développement durable : comment recruter les jeunes talents ?
L’institut Statista et le magazine Capital ont rendu public la cinquième édition de leur palmarès des meilleurs employeurs. Administrée en ligne à un panel de 20 000 personnes travaillant dans des entreprises de plus de 500 salariés en France (au total 2 100 groupes ont été analysés), l’étude accorde un intérêt spécifique aux entreprises du secteur de l’environnement et révèle le nom de celles qui attirent le plus les salariés.
Ainsi, on y découvre que les jeunes diplômés sont de plus en plus attirés par les métiers du développement durable. Néanmoins, comme pour tous les secteurs d’activités, il convient pour les entreprises d’employer les bons leviers afin d’opérer une captation de ces talents en quête de sens.
Les jeunes diplômés sensibles aux enjeux de développement durable
De plus en plus de jeunes professionnels sont sensibles aux sujets écologiques et environnementaux. A tel point que 70 % des jeunes affirment qu’ils seraient aujourd’hui prêts à avoir un salaire moins élevé si cela était la condition sine qua none pour travailler dans une entreprise ayant un impact environnemental positif.
Les enjeux de développement durable touchent en effet davantage les populations de jeunes salariés, puisque c’est près d’1 jeune sur 3 qui considère que la culture écologique d’une entreprise est un critère primordial dans son choix d’employeur. A contrario, seulement 25 % de la génération X et 17 % des baby boomers accordent une telle importance à la culture écolo de leur entreprise.
Les jeunes sont donc globalement plus éco-centrés que leur aînés. Un constat qui s’explique pour le chercheur Jean-Paul Bozonnet (Science Po – Grenoble) par le fait que la majorité des jeunes sont aujourd’hui pessimistes quant à la capacité des Hommes à mesurer l’ampleur de leur responsabilité face à l’avenir de la planète. 96 % pensent en effet que les activités humaines ont des conséquences désastreuses sur nos écosystèmes, un sentiment qui vient renforcer leur volonté d’oeuvrer pour défendre un environnement en perdition.
Porter des valeurs en faveur de la défense de l’environnement dans le travail, mais pas à n’importe quelle condition
Bien qu’ils aient des valeurs en faveur de la défense de l’environnement bien ancrées, les jeunes diplômés qui s’orientent vers les métiers du développement durable n’acceptent pas les premières opportunités qui s’offrent à eux et font preuve d’un certain niveau d’exigence. L’étude réalisée par Capital montre par exemple que les créneaux du recyclage des déchets et du traitement de l’eau en particulier peinent à recruter les jeunes talents.
Le secret pour recruter ces jeunes relève en réalité de stratégies déjà bien établies. Sont ainsi plébiscités les postes en CDI, avec des programmes d’intégrations spécifiques pour les hauts potentiels, des formations, avec un rôle moins transverse et auxquels des moyens suffisants sont alloués. Les jeunes professionnels des métiers du développement durable en recherche d’emploi n’échappent pas à la règle et accordent une grande importance à ces critères.
A noter également que les jeunes diplômés, peu importe leur secteur d’activité ou fonction, ont en commun certaines aspirations qu’ils souhaitent retrouver dans leur travail. Les jeunes accordent ainsi une grande valeur à leur salaire, et plus particulièrement à ce qu’ils estiment primordial : une paie correcte. Ils attendent par là que leur entreprise soit transparente sur ses pratiques de rémunération. Une paie juste et équitable est plus importante pour les jeunes talents que la rémunération en elle-même.
De même, un contexte de confiance et de bienveillance est crucial pour les travailleurs d’aujourd’hui, puisque considéré comme très important par ⅔ des travailleurs français. Et quand on s’intéresse aux jeunes spécifiquement, les études sur le bonheur mettent encore davantage cette analyse en exergue. En effet, celles-ci tendent à montrer que les jeunes accordent une importance particulière à l’ambiance au travail, ainsi qu’à une relation de respect et de confiance établie avec leurs supérieurs.
Enfin, les jeunes diplômés attendent de pouvoir être flexibles dans leur rythme de travail. Il s’agit même là du deuxième critère qui incite le plus les jeunes à rester dans leur entreprise, après celui de la rémunération. L’équilibre vie professionnelle et vie privée est un critère essentiel pour les jeunes diplômés qui plébiscitent alors le télétravail, le co-working et toutes formes de travail “nomades” en général.
L’évolution des métiers du développement durable en adéquation avec les aspirations des jeunes diplômés
On l’a vu, les jeunes s’intéressent de plus en plus aux causes environnementales et sociales. Une étude de la Confédération des Grandes Écoles montre en ce sens que ⅔ des jeunes diplômés des Grandes Écoles souhaitent s’orienter vers des secteurs d’activité qui ont du sens selon eux. Les métiers du développement durable, de la RSE et de l’ESS intéressent ainsi près de 50 % des étudiants.
Le paysage du marché du travail français tend alors a évolué vers de nouveaux métiers. Le baromètre de l’emploi et de la croissance verte publié par Orientations Durable, l’Express et CGPME a analysé les secteurs qui recrutent et il se trouve que les offres dans les secteurs des énergies renouvelables, de la RSE, de l’Investissement socialement responsable et de l’efficacité énergétique connaissent une hausse considérable. Les offres d’emplois en lien avec la transition énergétique ont ainsi augmenté de près de 120 %, et celles relatives au conseil en RSE et développement durable de 6 %. Les métiers spécialisés ont trouvé de plus en plus de crédit aux yeux des jeunes, et parmi les “nouveaux” métiers qui ont la côte se trouvent des fonctions inhérentes à l’entreprise auxquelles l’actualité est venue donner une coloration environnementale et sociale. Ainsi, les métiers d’analyste financier spécialisé, de chef de projet d’économie circulaire ou de chef de projet marketing sont des métiers qui attirent et emploient de manière croissante.
Des profils plus techniques de la transition énergétique et de l’énergie renouvelable sont également à leur paroxysme. Parmi les plus demandés : les techniciens en qualité de l’eau, chefs de projet photovoltaïque, chargés de développement éolien, artisans du second œuvre spécialisé en éco-construction, ou encore des profils plus transverses, avec une prise de hauteur plus importante : responsable de filière responsable, responsable de la transition énergétique ou responsable du développement durable.
Les jeunes diplômés sont aujourd’hui en quête de sens et se tournent donc de plus en plus vers les métiers du développement durable. Ils s’intéressent ainsi à des métiers “nouveaux”, qui ont la particularité d’être à la fois en cours de développement et déjà très prisés. Ces métiers atypiques recrutent des jeunes talents qui veulent témoigner de leur engagement pour la planète, tout en mobilisant des compétences d’avenir qu’ils estiment devoir être valorisées. Les jeunes diplômés ont compris que le monde change, et que les entreprises devaient prendre la vague avec lui !