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La situation des professionnels de la RSE en Europe : résultats de l’étude de l’EASP

Rédigé par La rédaction du C3D, le 12 novembre 2019

Les responsables du développement durable et de la RSE sont de plus en plus nécessaires dans les organisations. Si leur rôle n’est plus à démontrer, il était urgent d’évaluer leur profil et leur place dans les entreprises en Europe. C’est pourquoi l’EASP (European Association of Sustainability Professionals) vient de publier les résultats de son étude à partir des données de ses membres à travers sept pays européens. Le C3D, représentant des professionnels de la RSE et du développement durable en France, a répondu à l’enquête pour définir l’état des lieux dans l’Hexagone.

Que disent les résultats sur le profil des responsables RSE en Europe ? Quelles sont leurs activités principales ? Quelle influence ont-ils sur les décisions stratégiques ? Quelle place est accordée au service RSE dans les organisations ? Réponses.

Le « profil type » du responsable RSE en Europe : une femme entre 41 et 50 ans qui gagne entre 50 et 100 000 euros

186 professionnels de sept pays d’Europe ont répondu au questionnaire à choix multiples de l’EASP en provenance de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Serbie, de l’Espagne, de la Turquie et du Royaume-Uni. Tous les participants sont employés d’organisations sensibles aux questions de développement durable de taille variable.

Il en ressort plusieurs informations sur le profil type du responsable RSE en Europe. 33 % de l’échantillon était âgé de 41 à 50 ans, avec une expérience allant de 2 à 5 ans pour un quart d’entre eux. A l’exception de l’Allemagne, où les fonctions de DirDD sont majoritairement occupées par des hommes et la Serbie, avec une division égale entre les sexes, les cadres de la RSE sont surtout des femmes (à hauteur de 60 %).

Quant à leur rémunération, elle est très variable mais cela résulte en partie des différences entre les politiques salariales nationales. Le salaire brut moyen des professionnels de la RSE (bonus inclus) varie de 50 000 à 100 000 euros, bien que 34,1 % du panel gagne moins, et 20,9 % plus. Le pays qui rémunère le mieux ses responsables du développement durable est l’Allemagne, avec 14,3 % des cadres payés plus de 150 000 euros. A l’inverse, la Serbie, la Turquie et l’Espagne ont les taux les plus élevés des rémunérations les plus basses.

Responsable RSE en Europe : des titres et activités variés

Le titre des cadres de la RSE et du développement durable diffère selon les pays. 47,3 % des répondants ont été embauchés en tant que responsables RSE, 28 % d’entre eux travaillent dans le domaine du développement durable et 13,4 % sont à la fois responsables du développement durable et de la RSE.

Leurs domaines d’intervention sont variés : leurs activités vont des domaines financiers (conformité, gouvernance, mesure du rendement, analyse des risques non financiers) aux activités de bien-être des employés en passant par la gestion des parties prenantes. Selon l’étude, les responsables RSE travaillent surtout sur les thématiques suivantes : questions sociales et environnementales (54 %), reporting (53,2 %) et gestion des intervenants (25,3 %).

Et si les responsables RSE se soucient des questions environnementales, seulement 16,7 % ont déclaré s’occuper quotidiennement de ces questions. La France arrive en tête des pays dans lesquels les DirDD investissent réellement leur entreprise dans la protection de l’environnement. Elle est également leader dans les stratégies sociales et environnementales (67,6 %). Viennent ensuite la Turquie (62,5 %) et l’Espagne (56,4 %).

La place des services RSE dans l’entreprise

L’intérêt pour les questions sociales et environnementales ne cesse de croître dans le monde. C’est pourquoi ces questions sont de plus en plus intégrées dans les entreprises, mais la position et les fonctions des professionnels de la RSE au sein de leur organisation varient. Ainsi, 40,3 % du panel interrogé déclare travailler au sein d’une entité distincte, qui n’est intégrée ni dans le service de communication ni dans le service RH. En revanche, 34,2 % des responsables du développement durable relèvent du service de communication de leur entreprise et 15,3 % du service RH, ce qui explique pourquoi le rôle de responsable RSE a encore parfois une faible influence au sein des organisations.

Par ailleurs, le nombre de personnes travaillant dans la RSE dans une même organisation, quelle que soit sa taille, reste très faible. Près de la moitié des personnes interrogées ont déclaré que moins de deux personnes dans leur organisation travaillaient à temps plein dans ce secteur. L’Allemagne et le Royaume-Uni sont les pays dans lesquels les services RSE emploient le plus de personnes, même si la plupart des entreprises comptent quand même moins de deux personnes.

L’implication des responsables DD dans les décisions stratégiques de l’entreprise et leurs relations avec la hiérarchie

L’étude menée par EASP a aussi cherché à définir l’interaction des responsables RSE avec le PDG de leur organisation, dans la mesure où cette information constitue un indicateur de la prise en considération de la RSE au sommet de l’entreprise. Selon les résultats, seulement 15 % des responsables RSE s’entretiennent avec leur direction de façon hebdomadaire et la plupart des responsables RSE ne rencontrent le dirigeant qu’une fois… tous les trois ans. C’est en Turquie que les managers RSE ont le plus de contacts avec les PDG, mais ces résultats sont à nuancer car leur place dans l’organigramme de l’entreprise est plus éloignée des dirigeants qu’en Italie, en Espagne ou en France.

En dehors des relations avec les dirigeants, connaitre l’implication des managers RSE dans les décisions stratégiques de l’entreprise est primordial. Il existe deux types de participation – formelle et informelle – et deux types de processus stratégiques dans lesquels les responsables RSE peuvent influer : la planification stratégique (à long terme) et la budgétisation (à court terme). Sur les 186 répondants, tous ont déclaré avoir contribué à l’élaboration des processus stratégiques à long terme de leur organisation. La Serbie arrive au premier rang, avec cependant un écart important entre contribution formelle (60 %) et informelle (26,7 %). La Turquie pour sa part s’est classée au dernier rang, avec un apport informel élevé (50 %) mais un apport formel modéré (25 %). Par ailleurs, parmi l’ensemble des participants, près de la moitié ont affirmé avoir une contribution plus officielle qu’officieuse en matière de planification budgétaire.

L’étude d’EASP témoigne donc d’une relative hétérogénéité des profils et des fonctions des managers de la RSE selon les pays en Europe. En revanche une chose est certaine : tous devront faire face aux défis à venir ! La plupart des responsables RSE interrogés considèrent d’ailleurs que le changement climatique est déjà l’un des plus gros défis auquel doivent faire face les organisations (pour 62,4 % des répondants). Ils sont nombreux à penser également qu’ils devront à l’avenir répondre aux problèmes démographiques (33,3 %), aux inégalités croissantes à l’échelle mondiale (31,2 %) et à la question de la protection des données personnelles. Face à ces multiples défis, la fonction de responsable RSE apparaît comme un pivot essentiel pour répondre aux attentes des différentes parties prenantes des organisations et ne pourra que se renforcer à l’avenir.