Article
COP26 reportée : l’urgence climatique peut-elle attendre une année de plus ?
La COP26 devait à l’origine se tenir début novembre à Glasgow durant deux semaines. La crise sanitaire a malheureusement contraint les Chefs d’État à repousser cette dernière… d’une année. Une décision très largement critiquée aux vues de l’urgence climatique, donnant lieu à l’organisation d’initiatives de compensation et de protestation partout dans le monde.
Organisées par l’ONU tous les ans depuis la première conférence sur le climat à Berlin en 1995, les conférences des parties (COP) visent à réunir les États influents afin de débattre et de négocier de nouvelles mesures portant sur la régulation des émissions de gaz à effet de serre. S’en suivent notamment les signatures et ratification d’Accords ou de Traités.
Si elles représentent aujourd’hui un symbole de la lutte contre le réchauffement climatique, les COP aboutissent-elles réellement à des mesures utiles pour la planète et à la hauteur de l’urgence ?
Les émissions de gaz à effet de serre quasiment en constante augmentation malgré 25 COP
Les chiffres semblent permettre à eux-seuls de démontrer les limites des COP en termes d’efficacité. En effet, depuis 1970, les émissions mondiales de CO2 n’ont cessé d’augmenter, passant notamment de 15 milliards de tonnes par an à 37 milliards en 2018 (Les Echos, 2019). En 2019, le nombre monte d’ailleurs à 43,1 milliard de tonnes par an (Le Monde, 2019). Sont ainsi largement mises en cause les activités polluantes de l’homme, entraînant le rejet de gaz à effet de serre persistants. Il est principalement question de dioxyde de carbone, de méthane et de protoxyde d’azote.
Les COP sont-elles efficaces ?
Suite aux chiffres exposés, nombreux sont ceux qui questionnent l’efficacité des COP que nous suivons avec espoir chaque année. Pourtant, les COP ont jusqu’ici abouti à de nombreux Accords, Traités, tous plus ambitieux les uns que les autres. Malheureusement, même s’ils signent officiellement ces documents symboliques, les États n’ont aucune obligation à mettre en place ces mesures au sein du pays. En effet, aucune clause ne les y engage. Ils ne s’exposent donc à aucune sanction potentielle.
Autre point important pour comprendre les limites potentielles des COP : la capacité à réunir un ensemble d’États sous une même problématique et avec des ambitions relativement similaires représente à la fois une force et une faiblesse. Plus il y a de pays, moins ils sont susceptibles de se mettre d’accord sur une mesure et de s’y tenir. Il semblerait, les COP en sont un exemple, que l’économie passe encore aujourd’hui devant l’urgence climatique. Un État n’acceptera pas l’obligation de fermer ses usines à charbon, une énergie fossile grandement émettrice, s’il en possède beaucoup. À l’inverse, un pays n’en possédant pas ou peu ne verra pas d’inconvénients à adopter une telle mesure qui ne le contraindra que très peu.
Enfin, la question des moyens figure parmi les principales limites dans l’organisation de COP efficaces. En effet, les Accords signés suite aux deux semaines de débat ne fournissent que des objectifs, elles ne donnent pas les clés pour les atteindre. D’où la difficulté pour les États à proposer des mesures efficaces permettant d’honorer leurs engagements. Politique et économie représentent ainsi des notions inhérentes à la question climatique.
Même si leur efficacité est discutée par certains, les COP permettent tout de même de mettre sur le devant de la scène politique, économique, médiatique et surtout internationale, l’urgence climatique durant au moins deux semaines par an. Cette mise en lumière, qui relance et nourrit le débat, est nécessaire en 2020.
Annulation de la COP26 : ils s’engagent pour relever l’ambition climatique
Des événements alternatifs s’organisent partout dans le monde depuis l’annonce du report de la COP26. L’objectif : maintenir la pression et remettre le sujet climatique au premier plan.
À la question “l’urgence climatique peut-elle attendre une année de plus ?”, 350 jeunes de 150 pays différents répondent non. Ces jeunes se sont en effet lancé dans l’organisation d’une « Mock COP26 », une COP virtuelle de substitution sur le modèle onusien. Cette version parodique vise à relancer la discussion interétatique sur l’urgence climatique, considérant que les Chefs d’États ne s’en emparent pas suffisamment. Ces délégués âgés de 14 à 25 ans se rassemblent, à distance, et tentent de montrer comment devrait se dérouler une COP au sens où ils l’entendent, à savoir une parité des représentants et une voix renforcée pour les pays du Sud notamment.
La jeunesse n’est cependant pas la seule à s’être emparée de l’occasion du report de la COP26. Certains pays ont choisi de s’engager publiquement cette année à l’instar de la Chine, pays le plus émetteur dans le monde, qui s’est par exemple engagée à atteindre la neutralité carbone avant 2060. Le Japon et la Corée du Sud ont également suivi le pas.
Remarquons également que les acteurs institutionnels s’impliquent. La Convention des Nations Unies pour le changement climatique à l’origine des COP tente de lancer une dynamique en proposant des sommets virtuels et des dialogues sous forme de journées thématiques sur l’agriculture, l’énergie ou la finance. La société civile, quant à elle, organise des événements en ligne rassemblant des milliers de personnes et une centaine d’organisations dans le monde autour de la question des impacts du réchauffement climatique. Un Accord de Glasgow a d’ailleurs été signé à cette occasion, établissant un agenda climatique des actions citoyennes locales qui donne à tous les clés pour agir contre les principaux pollueurs.
Les différentes COP organisées depuis maintenant 26 ans présentent peut-être des limites mais elles permettent de maintenir le sujet dans le débat international. Le report de la COP26 représente finalement une opportunité, l’opportunité pour de nouvelles voix de s’élever, celle d’une jeunesse militante notamment, afin de montrer aux Chefs d’Etats comment s’emparer de la question climatique. Cette génération semble menée par une personnalité forte, celle de Greta thunberg, pourtant absente de la plupart des actions que nous avons présenté ici, signe que le débat se développe même sans l’aide d’une vitrine médiatique.