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Cosmétiques durables : réelle tendance ou engagement de façade ?
Il semblerait que les conséquences de la crise sanitaire liée à la Covid19 aient accru les attentes des consommateurs. Dans une enquête d’Opinionway pour Max Havelaar, 69 % des individus interrogés estimaient que la crise constitue un facteur d’accélération de la transformation des habitudes de consommation. Ces derniers souhaitent en effet consommer des produits plus responsables (locaux, bio, équitables, sans emballage, etc). Le contexte que nous vivons depuis plus d’un an maintenant semble redonner du poids aux préoccupations écologiques. Les consommateurs Français prennent d’autant plus conscience de l’urgence d’une lutte active contre le changement climatique.
De plus en plus les marques le reconnaissent et s’adaptent. De nombreux secteurs d’activités sont visés par ces nouvelles attentes : alimentaire, santé, technologie… jusqu’aux cosmétiques. Entre la tendance “zéro déchet”, l’attrait des emballages recyclables et la demande d’utilisation d’ingrédients plus naturels, ce secteur semble constituer un marché porteur. De grands groupes de cosmétiques se sont à ce titre récemment engagés vers une production plus durable en réponse à ces attentes. Mais s’agit-il d’une tendance de fond ou d’un engagement de façade ?
Le marché des cosmétiques en voie vers la durabilité
Récemment, de nombreux grands groupes de cosmétiques ont annoncé leurs engagements en termes d’achats responsables, de composition, de neutralité carbone et de durabilité des packagings. L’Oréal vient à ce titre de s’engager à rendre la composition de ses produits plus durable d’ici 2030 avec notamment pour objectif d’utiliser, pour 95 % de ses ingrédients, des produits provenant de sources végétales ou durables. Le groupe Guerlain se donne le même objectif pour certaines de ses marques et produits.
D’autres entreprises mobilisent également leurs services de recherche dans le but de basculer vers des offres durables. C’est par exemple le cas du géant américain Coty qui s’est engagé à développer de nouveaux produits durables notamment à partir d’éthanol issu de capture de CO2 pour ses parfums. Les grands groupes comme Unilever, Natura & Co, Procter & Gamble ou encore Henkel, ont quant à eux annoncé des plans de réduction de leurs émissions de C02 et l’utilisation d’ingrédients plus naturels dans leurs produits ainsi que la mise en place de packaging durables.
La durabilité semble ainsi gagner du terrain du côté des marques. Pourtant les produits bio et naturels ne représentent pour l’instant qu’une faible part des ventes de cosmétiques en France. Il ne s’agissait que de 6,4 % du marché en 2020 (Cabinet Xerfi). Cependant, ce faible pourcentage reste à relativiser dans la mesure où le marché du cosmétique stagne alors même que le secteur du cosmétique bio, quant à lui, observait une croissance de 8 % l’année dernière.
Les cosmétiques durables : véritable tendance de fond ?
Il existe effectivement une tendance de fond de la part des consommateurs qui souhaitent consommer durable de manière générale. Celle-ci se remarque notamment par le biais du maintien des préoccupations des citoyens dans un contexte de crise sanitaire et économique. En effet, avant la crise, cette tendance existait déjà puisque, selon une étude Kantar sur les cosmétiques bio et naturels, “8,1 millions d’acheteurs supplémentaires ont été recrutés entre 2015 et 2019” sur ce secteur, démontrant ainsi une volonté de mieux consommer. Aujourd’hui, 69 % des Français envisagent de consommer de façon différente et plus responsable, selon l’étude d’Altavia et OpinionWay parue en juin 2020, et cela comporte les cosmétiques. Malgré un contexte sanitaire et économique difficile, les préoccupations des Français autour d’une consommation responsable n’ont ainsi pas fléchies. Au contraire, cela pourrait même les avoir renforcé.
Cette tendance de fond de la part des consommateurs s’accompagne cependant d’exigences multiples et d’attentes précises. Ils n’envisagent notamment pas de mieux consommer sans être accompagnés en amont par les marques. Si de nombreux engagements sont à ce titre pris et annoncés par les grands groupes ces derniers mois, il faudra cependant attendre quelques années afin de pouvoir réellement se positionner sur cette tendance côté entreprises. En attendant, l’engagement des marques de cosmétiques semble, point positif, s’appuyer sur de la recherche comme les biosciences par exemple. Il s’agit d’un moyen de faire jouer l’innovation en faveur d’une meilleure prise en compte des impératifs écologiques et sociaux, pouvant aboutir à de réelles actions engagées. Côté preuves et transparence, le choix de se doter d’un label spécialisé permet à l’entreprise de gagner en crédibilité et en légitimité et au consommateur d’être rassuré. C’est un moyen de prouver son engagement et de vérifier, à terme, s’il s’agit bien d’une tendance de fond.
Qu’il s’agisse d’annonces honnêtes ou de simples instruments de communication pour les marques de cosmétiques, les engagements récents de durabilité annoncés par plusieurs grands groupes du secteur devront dans tous les cas aboutir à des actions concrètes et efficaces si ces derniers souhaitent maintenir leur position sur le marché. La durabilité constitue désormais, et de plus en plus, un passage obligé pour tous les secteurs, plébiscité évidemment par les consommateurs mais également de plus en plus par le reste des parties prenantes.