La crise du Covid19 : point de bascule pour une généralisation de la RSE ?

Nous l’avons observé durant les débuts de cette crise sanitaire, les entreprises qui disposaient d’une stratégie RSE bien rodée et ayant de meilleures notations environnementales et sociales se sont mieux adaptées au choc. Pour cause, la RSE a tendance à guider les entreprises sur la voie de la résilience puisqu’elle rend leur fonctionnement plus agile et améliore ses performances. La crise a d’ailleurs permis de lever les voiles sur l’honnêteté et l’engagement réel des entreprises qui déclarent s’impliquer dans la RSE. Si nombreux sont ceux qui craignaient un retour en arrière des organisations sur les grands enjeux sociaux et environnementaux, nous constatons plutôt un renforcement de ces engagements. En effet, la Covid19 a joué un rôle de catalyseur pour la RSE, finalement ravivée par cette crise sanitaire et économique. 

Comment expliquer l’accélération du point de bascule de la RSE dans un contexte de crise sanitaire et économique ?

Les entreprises qui sont sorties peu affaiblies du premier confinement ont été confortées dans l’idée que leurs engagements vis-à-vis de la RSE constituent une force. En effet, de nombreux piliers de la RSE reposent sur des caractéristiques offrant une meilleure résilience. 

C’est par exemple le cas des achats responsables. Dans le contexte d’une crise sanitaire, il est préférable d’avoir bien choisi ses fournisseurs en amont, de préférence des fournisseurs conscients de leurs responsabilités quant à la santé de leurs salariés. On parle alors d’entreprises qui sont préparées aux risques et en mesure d’assurer la continuité de leur activité en dépit des conditions. Sur l’aspect environnemental du pilier achats responsables, les entreprises qui ont déjà recours au local ont également rencontré moins de difficultés quant à la continuité de leur activité dans un contexte de ralentissement des flux.

Le pilier social de la RSE peut également avoir un impact quant à la question de la protection des collaborateurs. Les entreprises rodées sur ce sujet ont mieux su adapter l’organisation du travail face aux protocoles sanitaires inédits et au télétravail. 

Les entreprises qui, au contraire, ont beaucoup souffert de cette crise, prennent conscience de l’urgence d’instaurer une réelle démarche RSE au sein de leur gouvernance afin de construire une résilience organisée. D’autant qu’aujourd’hui, même avec la crise économique et sanitaire, les consommateurs maintiennent leurs convictions et attendent des entreprises qu’elles s’engagent profondément sur les sujets environnementaux et sociétaux. Si l’on prend l’exemple du e-commerce, il semblerait que 70 % des consommateurs cyberacheteurs privilégient les sites qui mettent en avant une démarche éco-responsable (Étude KPMG et FEVAD, novembre 2020).

Les Directions des Ressources Humaines s’emparent elles-aussi de la RSE

Les DRH, jusqu’alors moins impliqués, semblent finalement se saisir des sujets de la RSE depuis le début de la crise. Dans une enquête de l’Association Nationale des Directeurs des Ressources Humaines, la moitié des DRH interrogés ont déclaré prévoir le renforcement des actions concernant les enjeux sociaux et environnementaux en 2021 tandis qu’ils n’étaient que 27 % cette année. 

Les sujets abordés ne rentrent pas dans un registre classique mais proviennent de domaines plus larges tels que la nutrition, les violences ou encore les écoles. Ces enjeux sociaux sont particulièrement ressortis durant le premier confinement, télétravail oblige. Autrefois ces sujets se rapprochaient plutôt du cadre privé, aujourd’hui les DRH doivent les prendre en compte dans la gestion des collaborateurs travaillant de chez eux. 

La crise du Covid19 représente pour les entreprises une invitation à développer leur stratégie RSE. Pour celles qui se sont déjà lancées, il s’agit de renforcer ces engagements. Pour les autres, il est plutôt question d’une prise de conscience sur la nécessité d’en élaborer une afin de suivre le mouvement de fond que nous voyons monter depuis le début de la crise sanitaire et économique. Ce contexte constitue à ce titre un accélérateur du point de bascule pour la RSE que beaucoup attendaient.