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Égalité femmes-hommes : où en sont les entreprises françaises ?
À l’heure où le rôle social de l’entreprise prend de plus en plus d’ampleur, c’est au cœur de celle-ci que vont se jouer beaucoup de combats. À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, il est important de dresser un état des lieux de l’égalité femmes-hommes, notamment de la parité, dans nos entreprises françaises et d’analyser l’impact de ces évolutions.
Égalité femmes-hommes : ce que dit la loi
Près de 10 ans après l’adoption de la loi Copé-Zimmermann imposant 40 % de femmes dans les conseils d’administration, la loi Rixain, votée en décembre, impose aux entreprises de plus de mille salariés de respecter une répartition équilibrée des hommes et des femmes parmi leurs cadres dirigeants et les membres de leurs instances dirigeantes : au moins 30 % de femmes en 2027 et 40 % en 2030.
Si elle ne respecte pas ces quotas, l’entreprise aura deux ans pour se mettre en conformité, sinon elle se verra appliquer une pénalité financière dont le montant sera déterminé en fonction de la situation initiale de l’entreprise des efforts de mise en conformité et les motifs du manquement. Puis, à compter du 1er mars 2023, les écarts de représentation seront rendus publics sur le site internet du ministère chargé du Travail.
Les entreprises de plus de 50 salariés avaient d’ailleurs jusqu’au 1er mars dernier pour communiquer leur nouvel index d’égalité professionnelle. Calculé sur la base de cinq indicateurs (l’écart de répartition des augmentations individuelles, l’écart de répartition des promotions, le pourcentage de salariées ayant bénéficié d’une augmentation dans l’année du retour de congé maternité, le nombre de salariés du sexe sous-représenté parmi les dix salariés ayant perçu les plus hautes rémunérations), l’index permet d’établir une note sur 100. Les entreprises peuvent être pénalisées jusqu’à 1 % de leur masse salariale si elles ne publient pas cet index ou si la note minimale de 75 points n’est pas atteinte au bout de 3 ans à partir de la publication de la première note.
Avec ces lois, il ne s’agit pas simplement de rendre compte des chiffres pour les entreprises mais de livrer des mesures de correction et de se positionner sur des objectifs ambitieux.
Où en sont les entreprises françaises ?
La France compterait 15 entreprises dans le top 100 des sociétés en avance sur l’égalité femmes-hommes (baromètre Equilap). Mais qu’en est-il réellement ?
Actuellement, près d’un tiers des entreprises de l’indice boursier SBF 120 comptent 30 % de femmes à des postes de direction selon Heidrick & Struggles. Côté CAC40, seules sept entreprises étaient en conformité avec la mise en œuvre de la loi Rixain. Les femmes ne représentent que 19,53 % des comités exécutifs des entreprises du CAC40 tandis qu’elles sont 33,47% des cadres. Sur l’index d’égalité professionnelle, certaines entreprises s’imposent déjà comme des modèles : c’est le cas de La Banque Postale qui a obtenu, pour la troisième année consécutive, un score de 97/100 pour l’année 2021.
Alors, s’il semble que la situation s’améliore, seul un salarié français sur deux estime que son entreprise fournit effectivement des efforts pour lutter contre les écarts de rémunération entre femme et homme (Glassdor). Globalement, les entreprises sont invitées à en faire davantage. D’autant que certaines discriminations perdurent, comme c’est le cas pour les femmes seniors. Et au niveau des comités exécutifs par exemple, près de deux tiers des femmes n’occupent que des postes fonctionnels, soit TH, juridique, achat, communication, tandis que les fonctions opérationnelles sont occupées à 86 % par des hommes.
Féminisation des comités exécutifs : quel impact sur les entreprises ?
Dans son étude, l’Observatoire Skema démontre notamment l’impact de l’augmentation du nombre de femmes au sein des comités exécutifs. Ainsi, la féminisation des comités exécutifs serait corrélé à la mise en place d’une meilleure stratégie RSE mais également une meilleure rentabilité.
Il est aujourd’hui nécessaire d’en faire plus pour se positionner sur la voie d’une véritable égalité femmes-hommes, et pas seulement dans le cadre de nos entreprises. Début février, sept associations féministes interpellaient à ce titre les candidats et proposaient un « plan d’urgence pour l’égalité » afin de faire bouger les lignes au-delà des entreprises, dans la société de façon générale.