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Empreinte environnementale du numérique mondial : une forte hausse depuis 2010 (étude)
La démocratisation du numérique a complètement bouleversé notre quotidien, apportant son lot d’innovations et de transformations mais aussi d’impacts sur l’environnement. Ces derniers sont de plus en plus importants comme le révèle l’étude « Empreinte environnementale du numérique mondial » réalisée par le think tank GreenIT.fr dont le fondateur Frédéric Bordage forme les membres du C3D à la sobriété numérique. Décryptage des principaux résultats.
L’impact environnemental du numérique multiplié par trois entre 2010 et 2025
L’étude de GreenIT.fr a utilisé la méthode de l’analyse du cycle de vie (ACV) pour déterminer l’évolution de l’empreinte environnementale du numérique mondial entre 2010 et 2025. Et les résultats sont édifiants. Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, l’empreinte environnementale du numérique représente un pays d’environ deux à trois fois la France. Le numérique participe activement à l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables et au réchauffement climatique.
Ses impacts sur l’environnement découlent surtout de la fabrication des divers équipements destinés aux utilisateurs (ordinateurs, box, téléviseurs connectés, smartphones) qui représentent entre 59 et 84 % des impacts. Viennent ensuite la consommation électrique des équipements, la consommation électrique du réseau numérique, la fabrication des équipements de réseau puis la consommation électrique des centres informatiques (entre 1 à 16 % des impacts).
Mais au-delà des chiffres, ce qui ressort de cette étude est la vitesse avec laquelle ces impacts ont augmenté. En valeur absolue, sur la période 2010-2025, l’étude prévoit que les impacts environnementaux du numérique vont tripler. Ce qui concerne surtout les émissions de gaz à effet de serre liées au numérique, multipliées par trois.
L’étude révèle aussi que les sources des éléments numériques à l’origine de son impact environnemental sont en pleine transformation. Alors que jusqu’en 2015 les ordinateurs et imprimantes étaient les premières causes de pollution, un basculement s’est opéré. Depuis, ce sont les télévisions, les smartphones et objets connectés qui génèrent le plus d’émissions de gaz à effet de serre, preuve d’un changement des habitudes de consommation. D’après l’étude, le nombre d’objets connectés entre 2010 et 2025 devrait être multiplié par 48 et la taille des téléviseurs devrait doubler.
Ces résultats n’annoncent donc rien de bon pour notre planète mais l’étude se veut pédagogique et non pessimiste, c’est pourquoi elle liste un certain nombre de solutions pour transiter vers une « low-tech numérique ».
Des solutions simples et efficaces pour diminuer l’empreinte environnementale du numérique
Ce rapport évoque un certain nombre de préconisations pour changer l’impact environnemental du numérique. Il propose notamment de réduire le nombre d’objets connectés en les mutualisant, de réduire le nombre d’écrans plats pour les remplacer par d’autres dispositifs d’affichages, ou encore d’augmenter la durée de vie des équipements.
Pour que ces mesures puissent être mises en œuvre, l’étude de GreenIT.fr invite les pouvoirs publics à adopter différentes normes pour :
- Rendre obligatoire la distinction entre mise à jour logicielle corrective et évolutive ;
- Interdire les offres commerciales d’engagement ou réengagement contre des équipements quasi-gratuits ;
- Consigner les équipements numériques pour en favoriser le recyclage.
Mais Frédéric Bordage, auteur de l’étude, estime qu’il faut aller plus loin qu’une simple réduction des gaz à effet de serre : « Nous sommes à l’heure du choix : allons-nous augmenter continuellement la diagonale des écrans géants qui trônent au milieu du salon et les renouveler à chaque coupe du monde de football ? Ou préférons-nous préserver les dernières ressources numériques disponibles pour garantir la résilience de l’humanité ? ».
Comme le rappelle ce rapport, l’urgence écologique touche tous les domaines. Il est impératif de changer nos habitudes de consommation numérique et d’adopter une posture de sobriété, en articulant high tech et low tech numérique, afin de faire du digital un outil au service de la résilience. Pour changer les habitudes du plus grand nombre, le C3D poursuit dans cette optique une formation à la sobriété numérique avec Frédéric Bordage, pour que ses membres deviennent ambassadeurs des bonnes pratiques digitales.