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La Fast Fashion : l’envers de l’industrie de la mode décriée par l’infographie Trademachines
Alors que la Fashion Week s’est tout juste achevée à Paris, l’industrie de la mode n’a jamais été aussi peu glorifiée. En effet, l’industrie du textile est à l’heure actuelle la plus polluante du monde. Elle émet à elle seule 8 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales : c’est plus que les trafics aériens. Nocive pour l’environnement, elle est également responsable des conséquences sociales nuisibles qu’elle génère.
Les enseignes, tout comme les consommateurs, doivent repenser leur rapport à la mode. Des démarches responsables et durables sont de plus en plus nombreuses à voir le jour et doivent être perçues comme des exemples à suivre, et à surpasser.
État des lieux de l’industrie du textile : entre surproduction et surconsommation
Fast Fashion. C’est l’expression qui est sur toutes les lèvres actuellement, et qui vient désigner la vitesse fulgurante à laquelle, et les industries produisent, et les consommateurs achètent des vêtements aujourd’hui.
Alors que l’on attend traditionnellement de la mode qu’elle produise des collections environ deux fois par an, dans un contexte de fast fashion, les enseignes produisent jusqu’à une collection par semaine ! Des enseignes comme Zara, H&M ou Primark sont ainsi décriées pour leur “fast” rapport à la mode. A tel point que H&M n’a pas réussi à vendre un stock de vêtements d’une valeur de 4,3 milliards de dollars (en seulement un trimestre). Même les consommateurs semblent ne plus arriver à suivre.
Pourtant, si des marques telles que Zara parviennent à atteindre 18,9 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2017, c’est que les consommateurs sont réceptifs pour acheter les produits qui leur sont présentés.
Lorsque l’on étudie la consommation en habillement des ménages, des données exorbitantes en ressortent. Ainsi, en moyenne, un américain achète un vêtement par semaine. C’est 5 fois plus qu’il y a 20 ans. Et ces chiffres s’appliquent à une population elle aussi en croissance, puisqu’en 2018 les américains étaient près de 330 millions (+0,75%). Des chiffres, qui mis en perspective et étendus à un contexte mondial, ont de quoi dresser un état des lieux plutôt funeste de l’industrie de la mode.
Veja, une marque de baskets française éco-responsable, dressait le constat que « pour une paire de baskets de marque traditionnelle, 70 % des coûts vont dans la pub, le marketing et la communication, contre 30 % pour les matières premières et la main-d’œuvre ». Pour les enseignes textiles, la chaîne de valeurs n’est donc pas créée dans la production en elle-même (origine des produits, qualité, conditions de fabrication), mais bien dans la valorisation de cette dernière. Cela fait sens si on suit la logique des supers-producteurs de la mode : augmenter le volume de vente permet d’accroître le CA, pour ensuite produire plus, plus vite et générer encore plus de profit… Un cercle vertueux pour l’économie et l’emploi, mais bien moins quand il s’agit de préserver l’environnement et des conditions sociales viables et durables.
Les conséquences environnementales de la fast-fashion
La surproduction et surconsommation de vêtements engendre notamment des habitudes d’entretien destructrices pour l’environnement. Se plier aux exigences de la fast fashion c’est porter ses habits moins longtemps, et donc favoriser une utilisation accrue des machines à laver et sèches-linges. Or, outre l’utilisation en eau que cela requiert, laver son linge génère des microfibres qui sont ensuite intégrées au système d’eau et polluent les océans, avant de prendre part à la consommation de notre chaîne alimentaire. Les sèches-linges eux aussi sont de véritables causes de dégradation environnementale : leur utilisation aux États-Unis génère par exemple la même quantité de CO2 qu’un Boeing 747 volant sans arrêt pendant 116 ans.
De plus, comme pour n’importe quel produit, les vêtements sont soumis à un cycle de vie ; avec la seule différence que les concernant, il est considérablement plus court. Qu’ils soient directement jetés, donnés ou recyclés, les vêtements finissent in fine tous traités comme déchets, et bien souvent incinérés. Une pratique qui rejette des substances chimiques dangereuses pour l’environnement avec la libération de gaz à effet de serre. Et si ces process de consommation sont rendus possible, c’est parce que l’on exporte des produits à échelle mondiale à hauteur de 37,5 Milliards de dollars, soit deux fois plus qu’il y a 15 ans.
Par ailleurs, dans l’optique de réduire leurs coûts de production, les grandes entreprises de l’industrie de la mode se tournent nécessairement vers des matières premières moins dispendieuses. Ainsi, depuis le début des années 2000 et l’essor de la fast fashion, la demande mondiale de polyester a plus que doublée. Sa production s’élève aujourd’hui à près de 50 millions de tonnes, ce qui représente 70 % de l’ensemble des fibres textiles synthétiques utilisées dans les vêtements à travers le monde. Le problème de cette frénésie est que le polyester est une matière artificielle synthétique, dérivée du pétrole, dont la production génère la libération de gaz à effet de serre en quantité très importante (706 milliards de kg en 2015). Sachant qu’il faut environ 1,5 kg de pétrole pour produire 1kg de polyester, on pourrait penser qu’il vaut mieux privilégier les habits en coton. Pourtant, ce produit n’est pas à plébisciter non plus. Bien que le coton soit une fibre naturelle, sa production est très aquavore : il faut environ 20 000 litres d’eau pour produire 1kg de coton. De plus, sa culture nécessite en moyenne plus de pesticides que n’importe quel autre type de production. En découlent donc des cancers qui affectent directement les agriculteurs.
Les conséquences sociales de la fast-fashion
Les salariés de l’industrie de la mode sont bien souvent résidents dans des pays peu réglementés, où les salaires ne sont pas suffisants pour assurer à leur titulaire un mode de vie décent. En tête du classement le Vietnam, où les travailleurs gagnent moins de la moitié d’un salaire considéré comme décent pour vivre (se nourrir, se loger, avoir accès à l’éducation et aux transports), suivis du Cambodge et du Bangladesh à égalité avec l’Indonésie.
Pour survivre, les employés n’hésitent alors pas à faire se succéder les heures supplémentaires ; jusqu’à 150h par mois pour les chinois, afin d’avoir un salaire décent.
Les ménages étant en grande précarité, les enfants ne sont pas exempts de contribuer à la survie de la famille, et un enfant sur 10 travaille aujourd’hui pour l’industrie du textile dans le monde.
Une prise de conscience collective
Ces données ne sont pas s’en alerter l’opinion publique, pour qui des prises de consciences commencent à s’opérer. Dans les pays développés comme la France par exemple, la consommation en textile a diminué de 2,9 % en 2018 par rapport à l’année précédente. L’explication se trouve d’une part dans la baisse de pouvoir d’achat ressenti par les ménages (qui font alors des économies sur ce type de dépenses), mais aussi dans ce qui semble être une préoccupation grandissante de la qualité de leur consommation. Réduire la fréquence de leurs achats textiles, acheter éco-responsables (et donc réduire son empreinte carbone), acheter d’occasion et donner une seconde vie à ses vêtements par exemple sont autant de pratiques qui commencent à être de plus en plus intégrées dans la consommation des ménages.
Néanmoins, les actions responsables n’ont pas à être menées seulement par les consommateurs, mais bien entendu aussi par les industries elles-mêmes. Privilégier des matières premières éco-responsables (bio, local, recyclés), collaborer avec des partenaires aux pratiques transparentes et qui paient des salaires décents, investir dans les nouvelles technologies pour générer de nouveaux modes de production plus efficaces énergétiquement… sont autant de pratiques qui peuvent faire office de ligne conductrice pour les enseignes respectueuses de l’environnement et de leur écosystème. A l’inverse des grandes industries du fast fashion, ces enseignes pratiquent ce que l’on dénomme alors le Slow Fashion. Le plateforme SloWeAre vient par exemple répertorier les marques éco-responsables et alimenter une communauté désireuse de consommer moins et mieux.
Une marque qui se distingue en la matière est Patagonia, une entreprise californienne pionnière en mode durable. Depuis les années 90, Patagonia s’engage à produire et vendre des produits soucieux du respect de l’Homme et son environnement. Tous les cotons qui sont utilisés pour la fabrication de ses vêtements sont 100 % écologiques et l’entreprise est signataire d’une charte éthique appliquée dans toutes ses usines partenaires, dans lesquelles elle pratique des audits réguliers pour plus de régulation salariale et de transparence. Ses produits sont également recyclés et 1 % de son chiffre d’affaires annuel est reversé à des ONG en protection de l’environnement.
Ainsi, il existe des entreprises engagées, tout comme il existe des consommateurs engagés. A nous de savoir en tirer les bonnes pratiques pour en faire des généralités, chacun à son échelle et avec ses moyens. Pour en savoir plus sur ce sujet, découvrez l’infographie Sale linge : les dessous de la fast fashion créée par trademachines.fr.