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L’impact environnemental du numérique voué à augmenter

Rédigé par La rédaction du C3D, le 6 avril 2021

Plus que jamais avec le contexte de la Covid19, le numérique a pris une place prépondérante dans nos modes de vie. Il permet à une grande majorité des citoyens d’assurer le maintien de leur vie personnelle et professionnelle et joue à ce titre un rôle indispensable. 

Pourtant, le numérique, et ce n’est plus une surprise, constitue un outil dont l’impact environnemental est en forte hausse ces dernières années. En 2019, il représentait 3,5 % des émissions totales mondiales de gaz à effet de serre. Le numérique regroupe trois composantes : les terminaux, c’est-à-dire les appareils utilisés comme les ordinateurs et les smartphones, le réseau et les espaces de stockage. 85 % de l’impact du numérique proviendrait ainsi des terminaux et seulement 10 % du réseau et 5 % du stockage. Des chiffres qu’il faut évidemment garder en tête afin de déterminer les leviers d’action dans la lutte contre la pollution numérique car celle-ci risque d’être amenée à augmenter dans les années à venir. 

Dans son étude “Impact environnemental du numérique : tendances à 5 ans et gouvernance de la 5G”, le Shift Project révèle en effet divers scénarios prospectifs sur l’impact environnemental du numérique dans le monde d’ici 2025 mettant en avant un probable doublement de la part du numérique dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais comment peut-on enrayer cette tendance ?

Des pratiques numériques insoutenables aujourd’hui

À l’origine, le numérique semble offrir un certain nombre d’avantages environnementaux avec par exemple la possibilité des visioconférences, l’économie de papier, etc. Pourtant, les usages numériques s’avèrent actuellement incompatibles avec la trajectoire 2° de l’Accord de Paris. En effet, l’impact carbone du numérique aurait augmenté de 6 % par an entre 2013 et 2019. Malgré les progrès technologiques sur l’efficacité énergétique du numérique, ce dernier son ascension dans nos quotidiens et sa consommation d’énergie augmente ainsi plus rapidement que les gains d’efficacité permis par le progrès.

Dans ses quatre scénarios prospectifs de développement du numérique à horizon 2025, le Shift Project dévoile des chiffres préoccupants. Dans le “pire” des scénarios, l’impact carbone du numérique pourrait augmenter de 12 % par an à partir de l’année prochaine. 

Déploiement de la 5G : vers l’augmentation de l’impact environnemental du numérique

Pour expliquer ses scénarios, le think tank se base notamment sur le déploiement de la 5G qui aura tendance à faire évoluer à la hausse les ventes de smartphones adaptés à ce réseau mais également de développer des usages bien plus énergivores des terminaux : streaming vidéo nomade, réalité virtuelle, objets connectés… La consommation de vidéos pèse par exemple pour 80 % de la croissance du trafic. Avec la 5G, la part de la consommation d’électricité liée au numérique pourrait doubler entre aujourd’hui et 2030, en partie à cause des hausses des usages des équipements et des services qu’ils permettent. 

De par son potentiel impact environnemental supplémentaire, le déploiement de la 5G doit se baser sur une stratégie prenant en compte cet impact. 

Comment maîtriser l’impact environnemental du numérique ?

Dans son rapport, le Shift Project propose l’élaboration d’une nouvelle gouvernance du numérique, au départ française, puis à l’échelle européenne, associant ainsi les pouvoirs publics, régulateurs, presse, opérateurs, acteurs économiques et société civile, permettant de déployer la 5G de façon raisonnée. Pour cela, le think tank formule trois conditions pour un système numérique européen résilient : 

  • Bâtir une nouvelle gouvernance du numérique : permettant, à l’échelle nationale et territoriale, d’harmoniser les objectifs de décarbonation et les outils d’évaluation, d’organiser des concertations avec la société civile et, au niveau européen, de “développer des organes de gouvernance cohérents”. 
  • Inventer les nouveaux modèles économiques : pour “sortir de la rentabilisation des services par les volumes de données massifs” et rentabiliser le principe de recyclage avec l’allongement de la durée de vie des terminaux notamment. 
  • Développer les outils d’un pilotage du numérique : en se fixant des objectifs quantifiés et normatifs, en mettant en place des outils d’évaluation de l’impact énergie et carbone ainsi que des outils de suivi. 

La construction d’une nouvelle gouvernance du numérique permettrait ainsi de mobiliser un ensemble d’acteurs pour piloter le développement du numérique avec la 5G notamment sur les prochaines années. En effet, il est important de maintenir une réflexion sur la question de nos usages du numérique. Celle-ci permettra de se mettre en chemin vers la sobriété numérique. 

De façon générale, le Shift Project, dans son étude “Impact environnemental du numérique : tendances à 5 ans et gouvernance de la 5G”, appelle à une plus grande sobriété numérique. Cette dernière représente la capacité à réfléchir à la pertinence des usages du numérique. Sur le plan individuel, chacun peut participer à la diminution de l’impact environnemental du numérique. Par exemple : en renouvelant moins souvent son matériel, en réduisant la qualité des vidéos qui sont consultées, ou encore en adoptant quelques gestes pratiques pour décarboner son smartphone