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Le défis de la sobriété énergétique pour les entreprises : 5 questions à Gilles Vermot Desroches, Sustainability Senior Vice-President chez Schneider Electric
Elle est sur toutes les lèvres : la sobriété, c’est le sujet de cet hiver (et sans doute bien après). Si de nombreux conseils ont été dispensés aux citoyens, comment faire face à la crise énergétique et au besoin de sobriété en entreprise ?
Éclairage avec Gilles Vermot Desroches, Corporate citizenship and Institutional Affairs Senior Vice-President chez Schneider Electric.
En quoi la sobriété, notamment énergétique, concerne-t-elle les entreprises ?
Le sujet de la sobriété est présent partout ces derniers mois : dans les débats entre citoyens, mais aussi au coeur des entreprises. Face à des enjeux cumulatifs et inquiétants, il est devenu un nouveau concept généralisable. La sobriété interroge les entreprises et les collaborateurs dans leur propre manière d’être et dans leur stratégie, puis les ménages dans leur manière de consommer et leur projet. Mais les deux sont liés.
Les enjeux climatiques, la dégradation de la biodiversité, des ressources comme l’eau, couplés avec une vision de la société qui change notamment avec un accroissement des inégalités, c’est toute une réflexion qui s’instaure autour de la sobriété.
Du côté des entreprises, se pose alors la question de comment inclure ce sujet dans l’agenda des solutions ? En prenant en compte l’usage et l’appauvrissement des ressources, en faisant attention à l’inclusion, puis aussi à leur capacité d’innovation, en travaillant à réduire leurs impacts, en termes de matière, de territoire… Donc comment être plus efficace dans l’offre et la demande.
Vous pilotez un groupe de travail au sein du C3D sur la question de la sobriété énergétique, quelle est son ambition ?
Nous avons en effet lancé un groupe de travail afin d’accélérer la réflexion des entreprises membres ; l’occasion d’auditionner les acteurs qui créent les outils d’efficacité pour la sobriété et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cet groupe de travail a pour objectif de rediscuter le rôle du collectif, pour être plus efficient, apporter de l’information pour chacun et de la mobilisation.
Nous sommes dans une période favorable à la mobilisation des structures face à une échéance court terme, mais pour agir à moyen et long terme ; profitons-en ! En effet, cette notion de sobriété, notamment énergétique mais pas que, ne concerne pas que l’hiver à venir… Il faut opérer un changement en profondeur.
Quelles bonnes pratiques avez-vous, ou allez-vous mettre en place, au sein de votre entreprise Schneider Electric ?
Le métier chez Schneider Electric a beaucoup évolué depuis plusieurs années. Notre responsabilité est de déployer en interne les démarches ESG (environnemental, social et gouvernance) et de développer notre stratégie comme acteur de référence dans l’efficacité énergétique.
Nous sommes attentifs à être le lien entre deux sujets, offre et demande, mettre sur le marché des solutions qui concourt à cette sobriété. Cela étant, le développement durable ne peut pas être réduit à la stricte question du climat, elle doit se penser dans tous les piliers et en confiance avec les parties prenantes. Il faut donc changer le business pour être en lien avec les objectifs de développement durable, et toujours s’imposer pour prendre des décisions qui relèvent aussi du pilier social pour ne laisser personne sur la route.
Nous devons voir tous les piliers, penser le tout ensemble ; car sobriété veut aussi dire protéger les gens et faire vivre la transition.
Comment gérez-vous cette crise face à vos clients ?
Nous sommes bien sûr beaucoup sollicités par les clients sur l’efficacité énergétique. Globalement nous aidons à 3 transformations :
- L’électrification des usages ;
- La transition de l’électricité verte (car il ne suffit pas d’avoir de l’électricité, il faut qu’elle soit décarbonée au maximum) ;
- L’intelligence collective : pour réfléchir à comment la demande influe sur l’offre.
Il y a donc une importance du dialogue pour réduire les besoins en amont, et jouer aussi sur l’évolution des compétences car pour accompagner ce changement, les professionnels doivent être formés à ces enjeux !
Vous êtes aussi Président de la Commission jeunesse du Medef, et Coordinateur du French Business Climate Pledge. Pensez-vous qu’il y a un vrai clivage entre générations concernant la problématique de sobriété ?
La génération qui rentre dans le monde de l’entreprise a deux particularités : elle est très digitalisée et formée à la compréhension d’un monde fini et des limites planétaires. Cela dit nous sommes face à un paradoxe : ceux qui prennent la parole pour alerter sont souvent jeunes et sont entendus, pourtant beaucoup d’études montrent qu’il y a en fait plus de mobilisation dans les anciennes générations, juste moins visibles et extrêmes. Donc on peut dire que ces jeunes “minorités actives” sont en capacité de prendre la parole, tandis que les anciennes générations ne suffisent pas à elles seules.
Il y a donc un besoin de sensibiliser tout le monde, d’être attentif aux gens qui se mobilisent mais la construction d’un monde plus cohérent nécessite un engagement de la part de toute génération !