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Portrait de Carine de Boissezon, Chief Impact Officer chez EDF et nouvelle Vice Présidente du C3D.

Rédigé par La rédaction du C3D, le 1 septembre 2023

Portrait de Carine de Boissezon, Chief Impact Officer chez EDF et nouvelle Vice Présidente du C3D.

Quelques mots sur votre parcours ?

Je suis Directrice de la Direction Impact d’EDF (auparavant Direction du Développement durable) depuis presque 4 ans. Avant cela j’ai eu un parcours varié de financière, au sein d’EDF (directrice financière de la Direction Internationale et Directrice Investisseurs et Marchés), mais aussi en dehors, puisque j’ai commencé ma carrière dans la banque d’affaires américaine à Londres. Un fil rouge dans tout cela : le secteur des services aux collectivités (eau, électricité et gaz), que je suivais déjà chez Morgan Stanley et où j’ai pu travailler sur l’introduction en bourse d’EDF en 2005 !

Votre rôle et vos missions quotidiennes dans votre entreprise ?

La Direction Impact fait partie d’une direction plus large qui englobe la Stratégie, l’innovation et la RSE. J’aime à dire que cela nous permet d’être « ni Cassandre, ni utopiste ». Nous sommes ainsi intégrés aux processus stratégiques de l’entreprise, ce qui crédibilise et concrétise nos engagements, en particulier notre trajectoire de réduction d’émissions de CO2. Au quotidien, la Direction Impact déploie les engagements RSE du Groupe, qui sont la traduction de notre raison d’être passée dans les statuts en mai 2020. J’anime pour cela un collectif de salariés engagés autour de 3 piliers : climat & Ressources naturelles, engagement sociétal et la performance ESG, composé à la fois d’experts (climat, eau, biodiversité) mais aussi de profils plus opérationnels, car nos sujets sont souvent très transverses, en particulier quand on touche aux enjeux sociétaux et autour de ce qu’on appelle la transition juste : droits humains, salaires décents, etc

Qu’est-ce qui a provoqué votre déclic climatique / RSE ?

Il y a plein de petits déclics, mais surtout beaucoup de rencontres ! A mon arrivée chez EDF en 2010, j’ai été contactée par le fonds souverain norvégien qui, avec près de 1300 milliards d’actifs sous gestion, est actionnaire de toutes les entreprises cotées au monde. Il était actionnaire d’EDF et nous annonçait qu’il allait cribler son portefeuille au prisme de la RSE, et non pas l’EBITDA du prochain trimestre ! Nous avons alors dû répondre à un questionnaire de plus de 20 pages, sur des sujets comme la biodiversité ou encore la sous traitance etc… je me suis appuyée sur l’expertise de la Directrice du Développement durable, Claude Nahon, et nous sommes restés dans leur portefeuille. La 2ème expérience a été celle du lancement de nos premières obligations vertes (Green Bonds) en 2013. Cela m’a permis de comprendre qu’il était essentiel de ne pas fonctionner en silo et ne regarder que les de ne pas se limiter aux aspects carbone, et que la réussite des projets d’énergies renouvelables que nous allions financer par ces obligations dépendait en effet aussi de leur intégration auprès des communautés impactées, de la façon dont nous traitions les enjeux de biodiversité…

En septembre 2019, j’ai découvert la Fresque du Climat en voyant 400 étudiants la faire en séminaire d’intégration. C’est un outil de sensibilisation puissant, dont je porte le déploiement depuis dans le Groupe (72,000 salariés fresqués à fin juin 2023). Ce fut la rencontre avec celui qui en est devenu le chef de projet, Pierre-Olivier Chacun, et tout un réseau de salariés très engagés aujourd’hui rassemblés dans le collectif le Rhizome.

Enfin, plus que des déclics, de véritables claques avec mes enfants : d’abord à l’été 2021 avec la sortie du rapport du GIEC, où mon fils de 10 ans m’a demandé s’il allait mourir en 2050, et à l’été 2022, où ma fille ainée m’a annoncé en pleine canicule qu’elle « était consciente de vivre l’été le plus frais de sa vie » !

Si vous ne deviez retenir qu’une seule bonne pratique pour illustrer votre engagement, ce serait laquelle ?

Impliquer nos salariés dans le positionnement RSE des projets que nous développons. Nous avons la chance d’avoir une équipe spécialiste de l’intelligence collective chez EDF avec qui nous avons développé un atelier qu’on appelle ETRE (En Toute Raison d’Etre) qui rassemble à chaque fois un panel de salariés non experts du projet étudié et qui viennent tester sa cohérence avec la raison d’être d’EDF. C’est une leçon d’humilité et une richesse pour les chefs de projet et une façon d’anticiper les risques de controverse et d’identifier des solutions, afin d’améliorer le projet tout au long de son développement.

La solution ou la personnalité qui vous inspire le plus ? 

Nous avons la chance en France d’avoir un écosystème très riche autour de la RSE, il est donc difficile d’en isoler une seule, mais je dirais que la Convention des Entreprises pour le Climat me parait être une démarche très puissante. Après avoir été lancée au niveau national, l’initiative se déploie au niveau régional et par thématique (CEC Conseil et CEC du monde financier), en parlant à la tête et au cœur des dirigeants (« with great power come great responsibility » !). J’ai testé aussi récemment l’initiative Butterfly avec mon comité de direction et j’ai beaucoup apprécié les exemples d’entreprises régénératives mises en exergue ainsi que certains « éclaireurs » que je ne connaissais pas, comme Pascal Ferren ou Olivier Hamant.

Si vous deviez inciter un dirigeant d’entreprise à faire de la RSE, que lui diriez-vous ?

Que c’est du bon sens et une source de résilience dans un monde de plus en plus complexe et incertain !

En tant que nouvelle VP du C3D, que souhaitez vous apporter au réseau ?

Ma singularité, qui provient de mon hybridation entre la finance et la RSE, qui permettra de faire le pont et tendre à un langage commun autour de la performance RSE et des critères sous-jacents.