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Portrait d’un nouvel administrateur C3D : Joël Tronchon, Directeur du développement durable Europe de L’Oréal
Portrait de Joël Tronchon, Directeur du développement durable Europe de L’Oréal et nouvel administrateur C3D. Découvrez son parcours riche en expériences !
Quelques mots sur votre parcours ?
J’ai commencé ma carrière dans les ONG, avec la Fondation Agir contre l’exclusion. Je suis donc entré par la porte sociétale ! J’ai par la suite continué dans les ressources humaines, chez l’Oréal, Casino, puis SEB.
Au sein du Groupe SEB j’ai piloté le pôle Développement Durable pendant 10 ans, et me voici Directeur Développement Durable Europe chez l’Oréal depuis 2 ans !
En parallèle de cela, j’ai eu une expérience de 6 ans dans la politique locale, élu dans un un arrondissement de Lyon. Toutes ces expériences m’ont permis d’être au carrefour de plusieurs logiques : sociétales, environnementales, économiques, éthiques et politiques et de les articuler ensemble pour un impact positif !
Votre rôle et vos missions quotidiennes dans votre entreprise ?
Beaucoup de plaisir au quotidien, lié à la qualité et à l’engagement des équipes L’Oréal dans les différents pays d’Europe, et à la satisfaction de mettre ses valeurs en pratique ! Les métiers de la Sustainability évoluent encore beaucoup. C’est un métier de convictions et de relations, je passe beaucoup de temps avec l’ensemble des métiers qui sont évidemment tous concernés par le développement durable, et toutes nos parties prenantes. C’est un jeu très collectif, je suis en lien étroit avec les directeurs développement durable de chaque pays ou régions (17 en tout), pour animer la stratégie “L’Oréal For the Future”, identifier et développer les bonnes pratiques. Au niveau global Groupe, je pilote la task force “économie circulaire”.
Il y a naturellement beaucoup de veille stratégique sur les nouvelles tendances, ce qui peut ou va changer, sur les innovations potentielles portées par notre écosystème de fournisseurs et de startups, et beaucoup de travail d’influence, car mon rôle n’est pas seulement de monitorer des indicateurs de décarbonation.
Qu’est-ce qui a provoqué votre déclic climatique / RSE ?
Le déclic RSE, je l’ai eu via le sociétal et l’intérêt général, lors de mon expérience dans les domaines de l’insertion par l’économique et de l’inclusion que j’ai pu appréhender en ONG. Mais pour l’environnement ce sont les expériences avec les populations d’ingénieurs et de chercheurs dans l’industrie qui m’ont donné cette conscience, notamment dans les usines du Groupe SEB.
Et puis j’ai eu l’occasion de voyager souvent en Chine il y a plus de 15 ans, où j’ai visualisé et pris conscience des impacts négatifs d’un certain type de développement économique sur le climat, l’eau, les ressources et la biodiversité !
Si vous deviez retenir une bonne pratique pour illustrer votre engagement, ce serait laquelle ?
Le concept d’économie circulaire est génial, à condition de ne pas en rester au théorique. Mais si on repense sa chaîne de valeur de manière circulaire, combiné avec une approche pragmatique de “test & learn”, on peut obtenir des impacts environnementaux très positifs et rester dans les limites planétaires. On peut aussi générer de nouveaux emplois diversifiés et accessibles aux populations les plus fragiles.
En termes de méthode, pour faire pivoter les modèles d’affaires vers plus de durabilité, il faut s’intéresser aux leviers qui animent les différentes fonctions de l’organisation. Il est essentiel de comprendre les contraintes et de s’appuyer sur les opportunités de chaque métier, pour en dégager des solutions possibles qui concilient les logiques économiques, sociales et environnementales.
La solution ou la personnalité qui vous inspire le plus ?
Dominique Bourg, universitaire et philosophe. J’aime sa vision philosophique qui reste adaptée au terrain et son exigence scientifique. Et aussi Kalina Raskine de CEEBIOS, que je trouve extrêmement inspirante et pédagogue sur les potentialités du biomimétisme.
Si vous deviez inciter un dirigeant d’entreprise à faire de la RSE, que lui diriez-vous ?
Pas d’injonctions ou de grands discours ! Je leur proposerai d’expérimenter eux-même les volets sociaux et environnementaux du développement durable. Cela peut passer par des “learning expeditions”, du mécénat de compétences, des expériences immersives collectives ou individuelles qui vont leur permettre de découvrir d’autres visions du monde.
Je pense que la lecture aussi est un bon levier de changement, pour s’imprégner d’un sujet de manière plus personnelle et profonde. Donc conseiller de bons livres, ceux de Baptiste Morizot par exemple !
En tant que nouvel administrateur du C3D, que souhaitez vous apporter au réseau ? Comment le voyez-vous dans quelques années ?
Je souhaite contribuer sur le sujet de l’économie circulaire. J’apprécie le côté pragmatique et pédagogique du C3D. Je suis convaincu qu’à l’avenir, la valeur ajoutée du C3D continuera à s’appuyer sur sa capacité à garder une vision globale et engagée sans tomber dans le piège de l’hyper-technicisation du développement durable. Il faut prendre garde à ce que la vision quantitative des indicateurs de mesure RSE ne vienne pas nous faire oublier le sens et le cap ! A l’Oréal on parle beaucoup de la double dimension “poète et paysan”, je pense qu’on peut très bien l’appliquer au C3D.