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Quand les jeunes talents désertent les grandes entreprises

Rédigé par La rédaction du C3D, le 21 octobre 2022

“Il est urgent d’entamer un virage radical, de sortir des rails sur lesquels nous installent insidieusement notre diplôme et notre réseau”. Bifurquer, voilà l’injonction martelée par de nombreux étudiants lors de leur remise de diplôme. Ils sont beaucoup à avoir fait part de leur refus d’embrasser les carrières qui les attendent à la sortie de leur école. Ces paroles résonnent et font écho à de nombreux autres étudiants, dans de plus en plus d’écoles le mouvement se construit. 

Zoom sur leurs revendications et leurs attentes, portées tant sur les formations que le monde professionnel. 

Des formations trop peu tournées vers la transition sociale et écologique

Depuis plusieurs années, les jeunes générations font preuve d’un véritable engagement pour le climat. Ainsi, l’une des premières revendications des étudiants porte sur la nature des enseignements dont ils ont bénéficié durant plusieurs années. Dans leurs discours, beaucoup ont ainsi parlé de formations qui ​​”poussent globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours”. 

Conscients de leur chance d’avoir été diplômés dans de prestigieuses écoles, qui leur ouvrent de multiples portes, ils estiment que leur responsabilité est aujourd’hui d’utiliser ces portes pour changer les règles. 

C’est dans ce contexte que, depuis 2018, plus de 33 000 étudiants se sont ralliés au Manifeste pour un réveil écologique publié par le collectif Pour un Réveil Écologique composé d’étudiants de tous secteurs souhaitant accélérer la transition vers un modèle économique compatible avec les limites planétaires. Ils se concentrent pour cela sur la formation et l’emploi, deux leviers de transition puissants. 

Aujourd’hui, de plus en plus d’écoles et d’universités intègrent les enjeux sociaux et écologiques dans leurs enseignements par le biais de l’ouverture de formations plus spécifiques, un bon début. Mais il s’agit également d’intégrer ces enjeux au tronc commun de toutes les formations. 

Des exemples de la prise en compte de ces attentes se multiplient cependant récemment. Pour cette rentrée, l’Université Rouen Normandie a mis en place un examen obligatoire de première année vérifiant les connaissances sur le réchauffement climatique. L’Université de Cergy s’est de son côté engagée pour repenser toutes ses maquettes de formations pour y inclure les enjeux écologiques. 

Le sens avant tout : les jeunes talents veulent intégrer des entreprises engagées

C’est globalement un malaise, parfois de la colère, qu’expriment ces étudiants face à leur place dans une société à deux vitesses, entre ceux qui ont conscience de devoir bouleverser leurs habitudes de vie, de consommation, de travail, et ceux qui préfèrent pour l’instant fermer les yeux devant l’accélération du réchauffement climatique. 

C’est cependant l’espoir qui domine pour d’autres qui estiment qu’ils ont l’opportunité de marquer l’histoire, de changer de voie, de servir l’intérêt général. Et cela passera par leurs choix de carrière, d’employeurs, de missions. 

Autrefois, travailler dans une grande entreprise signifiait prestige, salaire élevé, emploi stable et voiture de fonction. Aujourd’hui, les jeunes talents se placent pour beaucoup loin de ces préoccupations. Ce qui compte : le sens, le sentiment d’utilité, l’épanouissement personnel. Il s’agit de participer, autant que possible, à la transition sociale et écologique de la société et des entreprises. Nombreux sont ceux qui ont récemment dénoncé le caractère “destructeur” des grandes entreprises, des organisations qu’ils refusent donc de rejoindre. 

Il semble certes honorable de revendiquer de nouvelles façons de travailler, de produire, de consommer, en accord avec la nécessaire transition de notre société. Mais, selon certains étudiants, ces entreprises “destructrices” ont cependant aussi besoin de ces jeunes talents engagés et inspirants pour mener cette transition au sein même des plus grands groupes et les mettre sur la bonne voie. Alors il ne faut pas forcément déserter toutes les entreprises, car certaines ont aussi besoin de ces jeunes talents pour avancer, pour agir de l’intérieur.